SARKOZY NA REUNIÃO DA OIT
"TEMOS DE REVER TUDO..."
Sarkozy, na reunião da OIT, em Genebra: "Temos de rever tudo. Não podemos ter, sob a globalização, um sistema de especulação, economia de renda e dumping social. Ou temos justiça ou teremos violência. Ou temos protecções razoáveis ou teremos o proteccionismo. É uma quimera pensar que esta crise é uma nota de pé de página e que poderemos continuar como antes..." Finalmente, um chefe de Estado que aparenta ter percebido o que se está a passar (e que aqui no CLARO tem vindo há uns bons três anos a ser tipificado como, ver tag ao lado, "mudança do modelo global"), não o confunde com um "abalozinho", tem propostas para discussão e ousa apresentá-las. E avança com ideias (que fazem sentido...) para conter dumpings sociais e ambientais a incluir na agenda da governança mundial do século XXI... E sugere alterações radicais ao edifício da governança mundial, cuja matriz ainda é a que saíu da vitória aliada na II Guerra e que já se revela incapaz de integrar as novas realidades surgidas pós-queda do muro. Bravo, Sarko!
La Mondialisation selon Sarkozy:
La Raison ou la Révolte…
"Il y a deux types de mondialisation.
Celle qui privilégie la croissance externe, chacun cherchant par tous les moyens à prendre les emplois et les marchés des autres.
Celle qui privilégie la croissance interne, c'est-à-dire un modèle de développement dans lequel chacun produisant plus et consommant davantage contribue au développement de tous.
La première pousse à l'extrême la logique de la compétitivité à tout prix en recourant à toutes les formes de dumpings, à des politiques commerciales agressives, à l'écrasement du pouvoir d'achat et du niveau de vie.
La deuxième s'appuie sur l'augmentation de la productivité, l'élévation du niveau de vie, l'amélioration du bien être.
La première est conflictuelle.
La deuxième est coopérative.
La première oppose le progrès économique et le progrès social.
La deuxième au contraire les lie l'un à l'autre.
Tout l'enjeu aujourd'hui est de faire passer la mondialisation de la première logique à la seconde.
Ceux qui ne veulent rien changer prétendront que c'est chimérique.
Ma conviction est que ce qui est chimérique aujourd'hui, ce qui est irresponsable, c'est de croire que la crise est une parenthèse et que tout va pouvoir recommencer comme avant.
Ce qui est chimérique et ce qui est irresponsable, c'est de croire que ce système de spéculation, de rentes et de dumpings qui a enfermé la mondialisation dans l'impasse dans laquelle elle se trouve, va pouvoir continuer indéfiniment, que l'on va pouvoir continuer de tout donner au capital financier et rien au travail, que les marchés financiers vont pouvoir continuer à imposer à toute l'économie, à toute la société, leur obsession de la rentabilité à court terme dopée par de gigantesques effets de levier d'endettement.
Ce qui est chimérique et ce qui est irresponsable, c'est de croire que les peuples subiront sans rien dire les conséquences douloureuses de la crise, qu'ils ne réclameront pas plus de protection, pas plus de justice, qu'ils supporteront de nouveau, comme si de rien n'était, les parachutes dorés et les gains mirobolants des spéculateurs payés par leur travail et par leur peine.
Je crois profondément qu'il y aura dans le monde qui vient une exigence de raison qui s'exprimera avec tant de force que nul ne pourra s'y soustraire. Au nom de cette exigence de raison, il y aura des comportements qui ne seront plus tolérés. Vous l'avez d'ailleurs pressenti en mettant à l'honneur la notion de «travail décent».
Je le dis en pesant mes mots:
Ou nous aurons la raison ou nous aurons la révolte.
Ou nous aurons la justice ou nous aurons la violence.
Ou nous aurons des protections raisonnables ou nous aurons le protectionnisme.
Nous avons besoin de règles qui deviennent des normes et qui s'imposent à tous. Il ne s'agit pas d'harmoniser dans le détail toutes les législations du travail. Il ne s'agit pas d'imposer aux pays les plus pauvres les normes sociales des pays les plus riches. Mais il s'agit de mettre en place entre les nations un système de règles qui tirent tout le monde vers le haut au lieu de tirer tout le monde vers le bas.
Comment comprendre qu'une cinquantaine d'Etats dans le monde n'aient pas encore ratifié les huit conventions qui définissent les droits fondamentaux du travail? Quel monde voulons nous? Voilà la question que nous devons tous nous poser. La France, quant à elle, y répond en prenant l'engagement de ratifier prochainement la convention sur le travail maritime et la convention cadre sur la santé.
Le problème des normes sociales et environnementales est l'un des plus difficiles. Il nous oblige à nous interroger sur ce qu'il faut bien appeler « la marchandisation du monde».
C'est à dire l'extension progressive de la sphère marchande à toutes les activités humaines qui a été l'une des caractéristiques majeures de la mondialisation des vingt dernières années et qui a mis le droit du commerce au dessus de tout.
Mais la santé, l'éducation, la culture, la biodiversité, le climat, le travail ne sont pas des marchandises comme les autres. On sait l'énergie que la France a mise à faire valoir le respect de la diversité culturelle.
Elle mettra la même énergie à placer sur un pied d'égalité le droit de la santé, le droit du travail, le droit de l'environnement et le droit du commerce.
Elle mettra la même énergie à lutter contre la tentation du protectionnisme et à défendre l'idée que l'OMC ne peut pas être seule à décider de tout et que chaque institution spécialisée doit avoir sa part dans la définition des normes internationales et dans leur mise en œuvre.
Il faut plus de pouvoir, plus de moyens pour le Fonds Monétaire International, l'Organisation Mondiale de la Santé, l'Organisation Internationale du Travail pour que les normes qu'ils édictent ne restent pas lettres mortes. Et lorsque nous serons parvenus, à Copenhague, à un accord ambitieux sur le climat, il faudra que soit créée alors une véritable Organisation mondiale de l'environnement en mesure de faire appliquer les engagements qui auront été pris, je l'espère, par tous.
La gouvernance mondiale du XXème siècle ne peut pas être celle du XXIème siècle. Nous avons déjà trop attendu.
J'appelle à associer les grands pays émergents à la gouvernance mondiale. Nous avons trop attendu pour qu'ils soient représentés parmi les membres permanents du Conseil de sécurité. Trop attendu pour élargir le G 8 à 13 ou 14 membres.
Comment peut-on espérer gouverner le monde en laissant de côté plus de la moitié de l'humanité ?
J'appelle à soumettre le libre échange à une exigence de réciprocité. Sur ce point aussi nous avons trop attendu au point de dénaturer le libre-échange et de dresser contre lui ce qui devrait en être les plus ardents défenseurs.
J'appelle à ce que les interventions du FMI, de la Banque mondiale, des banques de développement, du PNUD soient soumises à une conditionnalité environnementale et à une conditionnalité sociale.
Il n'est quand même pas normal que le FMI ou la Banque Mondiale viennent au secours d'un pays sans qu'on puisse lui demander de respecter des règles élémentaires en matière d'environnement, de droit du travail ou de santé publique.
On ne peut pas accepter que l'aide internationale serve à encourager le travail forcé ou le travail des enfants ou une pollution qui menace l'avenir de la planète.
Mais, on ne peut aborder ce problème de la conditionnalité sociale ou environnementale sans poser la douloureuse question des politiques d'ajustement. Car on ne peut pas demander à un pays de respecter un certain nombre d'exigences sociales et lui imposer en même temps, comme on l'a trop souvent fait par le passé, des plans d'ajustement ayant des conséquences sociales et humaines désastreuses. Pour pouvoir donner des leçons, les organisations internationales doivent d'abord se les appliquer à elle-même.
On ne peut pas non plus exiger des pays pauvres et des pays émergents des efforts qu'ils ne seraient capables d'accomplir sans ruiner définitivement leur économie et leurs possibilités de développement. Les efforts demandés doivent être raisonnables et progressifs, et à tout effort doit correspondre une aide au développement accrue. C'est dire que l'on ne pourra progresser dans l'intérêt de tous que si l'effort est partagé, que si les pays les plus avancés sont capables de partager leurs rentes, de faire preuve d'une solidarité et d'une générosité bien comprises. Il n'y aura aucun progrès si l'aide au développement reste au niveau où elle est et si elle n'est pas regardée comme le complément indispensable des conditionnalités environnementales et sociales sans lesquelles la mondialisation est condamnée à l'échec.
Je voudrais proposer une autre révolution dans la gouvernance mondiale pour que les normes qui sont inscrites dans les accords internationaux soient effectivement appliquées. A quoi servent des normes qui n'ont aucun caractère obligatoire ?
Cette révolution repose sur l'idée que les institutions spécialisées puissent intervenir dans les litiges, notamment les litiges commerciaux, par le biais de questions préjudicielles.
Bâtissons ensemble cette nouvelle gouvernance mondiale pour que l'OIT puisse avoir son mot à dire auprès de l'OMC, du FMI et de la Banque mondiale dès lors que sont en jeu les normes fondamentales qu'elle est chargée de faire respecter!
La communauté internationale ne peut être schizophrène et ignorer à l'OMC ou dans institutions de Bretton Woods ce qu'elle promeut à l'OIT. C'est le rôle de la saisine préjudicielle d'éviter que cela se produise.
Ainsi le juge du commerce ne serait plus le seul à décider.
Ainsi le droit commercial ne serait plus le seul à prévaloir.
Ainsi l'OIT serait-elle obligatoirement saisie chaque fois que dans un contentieux impliquant des Etats une question relative au respect des droits fondamentaux du travail serait posée.
Le FMI serait obligatoirement saisi quand se trouverait posée une question relative au dumping monétaire ou à ce que l'on pourrait qualifier de «dumping prudentiel».
La future Organisation mondiale pour l'environnement serait obligatoirement saisie en matière de dumping environnemental.
De la sorte la logique marchande ne pourrait plus l'emporter sur toutes les autres et toutes les règles deviendraient véritablement des normes que chaque institution internationale spécialisée s'appliquerait à faire respecter pour ce qui concerne son domaine de compétence.
Naturellement, on ne règlera rien si on ne règle pas d'abord la question du capitalisme financier qui impose à l'économie et à la société son propre système et ses propres normes. Les réunions du G 20 à Washington et à Londres resteront dans l'histoire comme des étapes décisives dans la reconstruction d'un nouvel ordre mondial. A condition que les engagements qui y ont été pris soient tenus. Déjà beaucoup de choses ont changé, je pense en particulier aux paradis fiscaux. Mais dans beaucoup de domaines, il faudra aller beaucoup plus loin pour reconstruire un système financier qui finance davantage les entrepreneurs que les spéculateurs.
Il faut tout revoir: la surveillance prudentielle des banques, la réglementation des hedges funds, l'organisation des marchés, les règles comptables, les modes de rémunération. C'est le moment d'aller le plus loin possible. Ce n'est pas le moment de reculer. Nous n'avons pas de temps à perdre. Nous sommes passés au bord de la catastrophe. Faut-il prendre le risque de recommencer? Je sais bien que dans certains milieux, dans certaines administrations, parce que les marchés vont un peu mieux, parce que les spéculateurs se sont remis à spéculer, il y a la tentation de réduire la portée de ce qui a été décidé.
Céder à cette tentation serait une faute historique."
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