segunda-feira, 8 de setembro de 2008

IMPOSTOS

Ultime recours

Par Jacques Attali

 

L'impôt est la manifestation financière de la vie en société ; son montant indique la part que la collectivité est prête à mettre en commun pour acheter des services publics. Et, comme pour tout effort, il est d'autant mieux toléré qu'il est justement prélevé et efficacement utilisé.

 

En France, les dépenses ne peuvent plus augmenter sans recettes nouvelles : elles représentent déjà près de 54 % de la richesse produite. Notre déficit bat tous les records, notre dette explose et toute dépense nouvelle non financée est une charge mise sur le dos de nos petits-enfants.

 

Mais l'impôt ne doit pas être la première façon de trouver des recettes. Il doit être au contraire l'ultime recours. Les prélèvements obligatoires représentent déjà plus de 43 % du produit intérieur brut, contre une moyenne de 36 % dans les pays de l'OCDE. Aussi, avant de penser à les augmenter, il faut réduire les dépenses. Par une diminution des gaspillages, toujours considérables, et des niches fiscales et sociales, qui favorisent les privilégiés. Tout impôt nouveau, dans l'état actuel de notre organisation, n'est que le reflet d'un échec dans la mise en oeuvre des réformes. Un impôt de plus, c'est une réforme en moins.

 

Le revenu de solidarité active (RSA) est une mesure juste. Et il est normal de ne pas l'instaurer sans en avoir trouvé le financement. Mais il n'est pas nécessaire d'inventer pour cela un impôt. D'abord parce que aucun impôt ne saurait être affecté à une dépense précise ; ensuite parce que, avant de créer une taxe, il faut chercher d'autres financements. Par exemple, plafonner les allocations familiales, ou supprimer des niches fiscales outre-mer ou dans l'assurance-vie, suffirait à financer le RSA dès l'an prochain.

 

Par ailleurs, on pourrait confier le RSA aux régions et le financer en supprimant les doublons entre régions et départements. Une fois cela effectué et l'équilibre rétabli, si une recette nouvelle se révélait nécessaire pour financer la croissance des services publics, ce qui est peu probable, avant de penser à un impôt nouveau il faudrait moderniser les impôts existants. Par exemple, fusionner l'impôt sur le revenu et la CSG, réformer en profondeur la fiscalité locale, basculer une partie des charges sociales sur la TVA... Il y a tant à faire avant d'imaginer des taxes nouvelles.

 

j@attali.com   mis à jour le 04/09/2008 - publié le 04/09/2008

 

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