Pendant l'Angolagate, le business continue
Cinq mois d'audience, une quarantaine de prévenus... Le procès de l'Angolagate, qui démarre début octobre, risque de faire du bruit. Il va remettre sur la place publique le plus gros scandale de trafic d'armes de la fin du XXe siècle. En 1994, en pleine guerre civile, l'homme d'affaires français Pierre Falcone avait négocié un contrat d'armement d'un montant de 2,6 milliards d'euros auprès des autorités angolaises. Et dans son sillage on trouvait toute une série d'intermédiaires aux noms célèbres : Charles Pasqua, Jean-Christophe Mitterrand, Jacques Attali... Mais les impératifs de la justice ne sont pas toujours ceux du business. L'Angola, dont le PIB par habitant a grimpé à 6 500 dollars (plus que celui de la Chine), est le pays où il faut faire des affaires. «Nous avons été les premiers sur la photo, nous sommes désormais très nombreux sur la photo, sourit Frédéric Cegarra, délégué Angola chez Total. Installés à Luanda depuis 1952, nous avons ainsi vu débarquer depuis une quinzaine d'années toutes les majors pétrolières.» Aujourd'hui, 70 compagnies françaises sont implantées en Angola, «pays qui va devenir l'un des plus stratégiques sur le continent», affirme Dominique Lafont, directeur général Afrique chez Bolloré. C'est dire que l'Etat français n'a guère envie de contrarier davantage le président José Eduardo Dos Santos. Lors de sa visite express, en mai, Nicolas Sarkozy avait déclaré que la France et l'Angola voulaient «tourner la page des malentendus du passé». Et Hervé Morin, ministre de la Défense, a concrétisé les souhaits élyséens en remettant un courrier aux avocats de Pierre Falcone voilà quelques semaines. Il y est souligné qu'en l'absence de transit par la France, la législation nationale sur le commerce des armes ne s'applique pas. Ce qui revient tout simplement à affaiblir l'accusation...
Nathalie Funès
Le Nouvel Observateur
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