Dans le plus grand secret, un groupe occulte a épaulé la commission du Livre blanc
Par Jean Guisnel . Le Point.fr
Jean-Claude Cousseran, secrétaire général de l'académie diplomatique internationale, ancien directeur de la DGSE et Alain Dumontet, amiral (2e section), ancien chef de la Force d'action navale © LOUAI BESHARA / ERIC ESTRADE / AFP
On n'a jamais parlé d'eux, et pourtant leur rôle s'est avéré essentiel dans la rédaction du Livre blanc de la défense et de la sécurité intérieure , que le président de la République a rendu public le 17 juin dernier. À côté des membres officiels désignés par l'Élysée, un groupe secret a travaillé en parallèle durant dix mois, en se réunissant un jeudi sur deux autour du président de la commission, le conseiller d'État Jean-Claude Mallet. C'est ce dernier qui avait choisi en personne ces personnalités, avec lesquelles il avait travaillé dans des fonctions antérieures, notamment du temps où il avait été patron de la DAS (Délégation aux affaires stratégiques) du ministère de la Défense, ou secrétaire général de la défense nationale.
Curieusement, ce groupe dont l'existence n'avait pas été révélée jusqu'à ce jour, est demeuré durant près d'un an totalement indépendant de la commission, et déconnecté de ses membres. "Nous avons réfléchi aux mêmes choses, en même temps, mais complètement à part. Entre nous, nous nous appelions black team (équipe noire) et n'avons jamais été identifiés. Même pas lorsque Jean-Claude Mellet nous a invités au pot de départ de la commission du Livre blanc."
Ce groupe de huit personnes était composé de (par ordre alphabétique) :
Curieusement, ce groupe dont l'existence n'avait pas été révélée jusqu'à ce jour, est demeuré durant près d'un an totalement indépendant de la commission, et déconnecté de ses membres. "Nous avons réfléchi aux mêmes choses, en même temps, mais complètement à part. Entre nous, nous nous appelions black team (équipe noire) et n'avons jamais été identifiés. Même pas lorsque Jean-Claude Mellet nous a invités au pot de départ de la commission du Livre blanc."
Ce groupe de huit personnes était composé de (par ordre alphabétique) :
- Jean-Marc Balencie, docteur en sciences politiques, cadre de la société d'analyse stratégique Risk & Co. Dernier ouvrage paru : Les Guerres bâtardes .
- Pierre Conesa , ancien administrateur civil, directeur général de la Compagnie européenne d'intelligence stratégique ( CEIS ) ; - Jean-Claude Cousseran, secrétaire général de l'académie diplomatique internationale, ancien directeur de la DGSE ;
- Philippe Duluc, ingénieur de l'armement en disponibilité, directeur de la sécurité du groupe Orange ;
- Alain Dumontet, amiral (2e section), ancien chef de la Force d'action navale ;
- Nicole Gnesotto, ancienne responsable de l' Institut de sécurité de l'Union européenne , titulaire de la chaire sur l'Europe au CNAM ;
- Marie Mendras , politologue, spécialiste de la Russie au Ceri ;
- Patrice Sartre , général (2e section), conseiller militaire du groupe Safran ;
- Thérèse Delpech, conseillère stratégique du Commissariat à l'énergie atomique et - persiflent ceux que son activisme atlantiste agace - membre de droit de toutes les commissions existant en France, donc de la commission du Livre blanc sur la défense et la sécurité intérieure, a été associée aux travaux de la black team . L'une des personnalités de ce groupe précise, perfide : "Sa présence a été fort utile pour nous rappeler que les résistances se traitent avec l'arme nucléaire."
Aux yeux du président de la commission, confirme-t-on dans son entourage, il s'agissait de s'entourer d'experts incontestables, à même de le rassurer sur sa "hantise : louper une très grosse évolution stratégique, en étant pris en main par une pensée trop conformiste". Un des membres de ce groupe secret précise que Jean-Claude Mallet "ne voulait pas être plombé par les penseurs officiels". Résultat : ce cénacle a étudié des problématiques qui n'ont pas été abordées par la Commission officielle : le rôle des sociétés militaires privées, les risques posés par l'unilatéralisme américain sur les options stratégiques françaises, et même le tabou : la réorganisation des services du ministère de la Défense.
"Nous étions les seuls à pouvoir mettre les mains dans le cambouis, chercher à comprendre pourquoi les technocrates du contrôle général des armées font des carrières plus rapides que les opérationnels, ce qui est quand même un comble !" Sauf que les services centraux du ministère seront peu touchés par la réforme, et que nombre de membres de la commission du Livre blanc le regrettent. De ce point de vue, les chevaliers blancs de la black team font grise mine !
Sem comentários:
Enviar um comentário