quinta-feira, 19 de junho de 2008

ENERGIA

Le cauchemar pétrolier

François d'Orcival
09/06/2008 | Mise à jour : 14:48 |
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Spéculer : observer, calculer, jouer à la hausse ou à la baisse. Sur quoi spécule actuellement l'acheteur de pétrole ? Hier, les achats des Américains, premiers consommateurs et premiers gaspilleurs de la planète, faisaient le marché. Maintenant s'y est ajoutée la demande des Chinois, des Indiens et des pays émergents. D'où la hausse. Mais il y a une « prime » supplémentaire. En six mois les achats ont augmenté de 3 % environ ; le prix du brut, lui, a flambé de 44 %. Voilà ce qui effraie le consommateur occidental, directement frappé (à travers ses transports et son alimentation : pêche, agriculture, etc.), et qui peut devenir un cauchemar pour les gouvernements. Pourtant, qu'observe le spéculateur ?

Le pétrole est toujours coté en dollars. Le précédent choc pétrolier, en 1980, a coïncidé avec un dollar sous-évalué ; c'est à nouveau le cas. « La faiblesse de la monnaie américaine a pour conséquence la hausse du prix nominal du pétrole », observait un expert du secteur, Jean-Jacques Berreby. Les Américains ne vont pas réévaluer leur dollar alors qu'ils combattent une récession. Et leur politique économique est suspendue à l'élection présidentielle de novembre prochain.

Vont-ils donc réduire leur consommation ? Ce pourrait être un effet mécanique de la récession. Il suffirait surtout qu'ils augmentent leurs taxes sur les carburants : aujourd'hui celles-ci s'élèvent à 12 % chez eux contre plus de 60 % chez nous (ils paient leur essence un peu plus du tiers du prix français). Or ils ne sont pas prêts à les augmenter.

Il faudrait alors que les producteurs accroissent leurs livraisons. Mais c'est le seul moyen de chantage politique des principaux d'entre eux. Pourquoi le feraient-ils quand il n'y a plus de diplomatie américaine à six mois de l'arrivée d'une nouvelle équipe ? Quant au deuxième producteur du Golfe, l'Iran (où le pétrole jaillit pour la première fois il y a cent ans, le 26 mai 1908), il y est d'autant moins disposé qu'il se sent menacé.

Enfin, il y a les Européens : comment agir sur les prix ? Les Britanniques veulent ouvrir leurs robinets. Dans l'immédiat, les autres n'ont que la fiscalité. Mais ici, tout accord exige l'unanimité. « Plafonnons les recettes de TVA », suggère Nicolas Sarkozy. « N'entrons pas dans un cercle vicieux », lui répond Bruxelles. C'est l'impasse.

Le spéculateur joue donc à la hausse. Mais à terme il sera perdant. Parce que la cherté du prix fera baisser la demande et que tous les acteurs réagiront avant que cela ne devienne une question de survie.

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