Le cauchemar pétrolier
09/06/2008 | Mise à jour : 14:48 | Commentaires 3
Le pétrole est toujours coté en dollars. Le précédent choc pétrolier, en 1980, a coïncidé avec un dollar sous-évalué ; c'est à nouveau le cas. « La faiblesse de la monnaie américaine a pour conséquence la hausse du prix nominal du pétrole », observait un expert du secteur, Jean-Jacques Berreby. Les Américains ne vont pas réévaluer leur dollar alors qu'ils combattent une récession. Et leur politique économique est suspendue à l'élection présidentielle de novembre prochain.
Vont-ils donc réduire leur consommation ? Ce pourrait être un effet mécanique de la récession. Il suffirait surtout qu'ils augmentent leurs taxes sur les carburants : aujourd'hui celles-ci s'élèvent à 12 % chez eux contre plus de 60 % chez nous (ils paient leur essence un peu plus du tiers du prix français). Or ils ne sont pas prêts à les augmenter.
Il faudrait alors que les producteurs accroissent leurs livraisons. Mais c'est le seul moyen de chantage politique des principaux d'entre eux. Pourquoi le feraient-ils quand il n'y a plus de diplomatie américaine à six mois de l'arrivée d'une nouvelle équipe ? Quant au deuxième producteur du Golfe, l'Iran (où le pétrole jaillit pour la première fois il y a cent ans, le 26 mai 1908), il y est d'autant moins disposé qu'il se sent menacé.
Enfin, il y a les Européens : comment agir sur les prix ? Les Britanniques veulent ouvrir leurs robinets. Dans l'immédiat, les autres n'ont que la fiscalité. Mais ici, tout accord exige l'unanimité. « Plafonnons les recettes de TVA », suggère Nicolas Sarkozy. « N'entrons pas dans un cercle vicieux », lui répond Bruxelles. C'est l'impasse.
Le spéculateur joue donc à la hausse. Mais à terme il sera perdant. Parce que la cherté du prix fera baisser la demande et que tous les acteurs réagiront avant que cela ne devienne une question de survie.
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